Loin de Veracruz

« Je me dis qu’il n’y avait rien d’étrange à ce que, semblablement, soudain se structure Moi je suis de Veracruz, texte énigmatique dont j’avais commencé par ne connaître que le titre, mais qui frappait de plus en plus souvent à ma porte et semblait déjà presque se déployer silencieusement et lécher les derniers recoins de mon imagination, comme si j’avais été destiné à l’écrire depuis toujours. »

Enrique Villa-Matas Loin de Veracruz

 

De bouches à oreilles

Le Manoir de Kernault, dédié à la parole et à l’imaginaire, se propose de transporter la thématique partagée « Cuisines et sociétés » dans l’univers fantastique des contes : manger ou être mangé, telle est la question. La pomme de Blanche-neige, le quignon de pain du petit Poucet ou bien encore les haricots magiques de Jack jouent autant de rôles-clés dans des histoires populaires fondatrices. Que nous racontent ces éléments de notre passé et de notre rapport à l’aliment ?

Du manque initial de nourriture en passant par la cuisine de l’ogre ou la gueule du loup jusqu’au dénouement final autour d’un festin, le visiteur découvre les histoires au fil des salles du logis. La parole des conteurs et une mise en scène évocatrice donnent corps à ces récits, les histoires à écouter s’incarnant au travers d’un fumet qui s’échappe d’une marmite sur le feu, de pommes à croquer, etc.

Une telle thématique résonne particulièrement bien dans cet ancien domaine agricole où l’on continue à fabriquer du cidre et où l’on peut découvrir un imposant grenier à grain, un vivier qui servait de réserve à anguilles, et bien entendu, comme dans toute demeure digne de ce nom, une cuisine, une salle à manger, des caves, etc.

Le parcours-expo puise dans le riche répertoire des contes francophones du Canada, un pays lointain mais dont les histoires ne sont pas sans rappeler les nôtres même si elles traduisent des pratiques différentes. Par ailleurs, le Canada partage un même intérêt pour la collecte de littérature orale que la Bretagne, elle-même terrain précurseur pour la France.

Les contes francophones du Canada sont mis en dialogue avec des contes très connus comme ceux de Perrault et des versions plus confidentielles extraites du corpus breton. Il s’agit donc de la rencontre de deux imaginaires et de deux cultures souvent considérées comme « parentes ». L’ensemble témoigne de ce qui demeure une des préoccupations vitales de l’humanité, se nourrir, accompagnant un imaginaire commun : la peur du loup ou de l’ogre, les aliments ou ustensiles magiques, la gourmandise, etc.

Dans le cadre d’un partenariat entre l’EPCC et la ville de Quimperlé, une exposition sur les peurs alimentaires sera présentée à la Médiathèque de Quimperlé. Une autre manière de traiter de la thématique générale du parcours-expo de Kernault : manger ou être mangé !

 

A toute vapeur !

Une histoire du train à Lorient.

Jusqu’à l’avènement du chemin de fer, la circulation des hommes et des marchandises est essentiellement assurée par le cheval. Avec le train, la vitesse des déplacements est doublée puis triplée. Le train, facteur de modernité, d’accélération des échanges et de développement économique bouleverse la société. Il transforme aussi le visage de Lorient à partir de son arrivée fêtée en grande pompe en 1862. La pêche, l’agriculture, l’industrie connaissent un nouvel élan. Le rail représente alors un enjeu essentiel dans l’accessibilité de la pointe bretonne. Une problématique toujours d’actualité à la veille de l’ouverture d’une ligne grande vitesse à Lorient. C’est cette aventure que cette exposition vous invite à vivre, à toute vapeur !

TABOU

À l’occasion de la 30e édition des Journées européennes du patrimoine, le service animation de l’architecture et du patrimoine de la ville de Lorient et l’association Hop’n jazz installent un ciné-concert en plein air dans les jardins de l’Hôtel Gabriel (transats à disposition, prévoir des vêtements chauds, polaires et couvertures).

François Ripoche, incroyable saxophoniste bricoleur, complice de Philippe Katerine et de Francis et ses peintres, met en musique Tabou (1924), un film du maître de l’expressionnisme allemand, Murnau.

Sur l’île de Bora-Bora, un paradis sur terre, les habitants vivent heureux et insouciants. Une merveilleuse jeune fille, Reri, et Matahi, un jeune pêcheur de perles, sont amoureux. Mais le vieux chef Hitu choisit Reri pour devenir la nouvelle vierge sacrée. Dès lors, Reri est tabou.

Tabou est le dernier film de Murnau, coréalisé avec Robert Flaherty. Conçu au départ comme un documentaire sur la beauté des paysages des îles des mers du Sud, il devient, avec la patte de Murnau, un combat épique entre la volonté des dieux et le désir des hommes, entre la tradition et le progrès, entre le respect des tabous et la liberté. Un combat extraordinaire que François Ripoche invite à suivre en musique.

In situ

Derrière l’intitulé d’In Situ, cette édition rassemble treize artistes autour du thème du paysage, sujet récurrent dans l’histoire des arts et lieu de nombreuses interactions entre les activités humaines, animales, minérales, végétales… Un thème ancien mais aussi d’une entière actualité: entre banalisation, emprise, aménagement, disparition ou protection, il vient nous rappeler, en permanence, que la terre est à partager. Un sujet qui, dans sa dimension philosophique, interroge nos choix de vie présents et futurs. Il s’inscrit au coeur des préoccupations de ceux qui vont devoir assumer un héritage, ravageur pour la nature, produit d’une croissance et d’une consommation sans limite et de l’épuisement d’une énergie longtemps pensée sans fin.
Au delà de ces interrogations collectives, le paysage renvoie à notre intime; chacun pouvant entretenir un rapport singulier avec celui-ci. La représentation que nous en avons se construit à partir de nos sensations, de nos expériences physiques, de l’activité que nous y exerçons. Et chacun peut alors porter en lui son propre paysage, imaginé, fantasmé; celui qui le ressource, l’apaise et tient toute sa place dans son histoire et son intériorité. Les artistes, par leur approche sensible, expriment et exacerbent ce rapport sensuel, physique avec le paysage et le traduisent en expérience créatrice. Ils nous ouvrent les portes de leur imaginaire, nous invitent à partager leurs ressentis. A travers leurs oeuvres, non seulement ils nous enrichissent mais nous donnent conscience d’être un élément de ce paysage.
Dans leur sillage, apprenons à regarder ce présent et accueillir notre avenir.

In Situ
Emmanuelle Williamson.
adjointe au Maire de Lorient,
chargée de la culture et du patrimoine

Etend’Art

Les pratiques artistiques s’exposent.
Initié en 2012, cet événement a vocation à mettre en valeur la vitalité et la diversité des pratiques artistiques amateurs à Lorient, et aussi, à nourrir les pratiques des uns et des autres à travers le jeu de la rencontre.
Les associations Rouge Garance, Phot’image et l’Atelier d ‘Anna présentent cette année leurs productions à l’Hôtel Gabriel et à la galerie du Faouëdic autour d’un thème : Voyage(s).
Une conférence sur la photographie et deux ateliers de pratique (initiation à l’anatomie et au croquis) seront également proposés au public à l’occasion de cet événement.

Le bonheur

C’est maintenant un rendez-vous attendu en cette fin d’été, au moment où l’on rend hommage au patrimoine, le ciné-concert dans les jardins de l’hôtel Gabriel qui introduit les journées européenne du patrimoine à Lorient.

Quand nous avons programmé cet incroyable projet au titre sublime « Le Bonheur » porté par trois musiciens atypiques autour de l’oeuvre du grand cinéaste méconnu Alexander Medvedkine, nous ne pouvions nous douter que celui qui avait redécouvert et porté ce chef d’oeuvre : le cinéaste Chris Marker, l’auteur de la Jetée, nous quitterait définitivement en ce début d’été. Hop’n jazz souhaite rendre hommage à ce grand artiste, voyageur infatigable qui su rendre le patrimoine cinématographique vivant, Le Bonheur en est la preuve.

Sur la base de son groupe Mâäk’s Spirit, le guitariste de jazz français Jean-Yves Evrard a composé une musique originale pour le film, il forme un trio avec le bassiste Sébastien Boisseau et le batteur Edward Perraud. Des âmes soeurs qui conjuguent une expérience de concert live époustouflante avec un petit bout d’histoire du cinéma russe.

Fragile

Trois couples, six créateurs de verre contemporain explorent le paradoxe de la matière fragile et solide à la fois. Ils partagent leurs enthousiasmes, leurs certitudes et leurs doutes quant à leurs créations. Ils mettront en scène sculptures, installations, et tableaux pour la première fois à la galerie du Faouëdic, espace d’art contemporain au coeur de Lorient.

Une Cinquantaine d’oeuvres sur 300 m2 d’exposition.

Ces artistes proposent leur thème de prédilection abordant le corps et le contact, le paysage, leur perception du monde. La lumière, fil conducteur de leurs réflexions à travers le verre, permet différentes perceptions de la matière. Elle est intérieure ou réfléchie, amenant le plein ou le vide, colorée, dans la masse ou en aplat.

Pièces de verre

Vous découvrez, en entrant dans l’espace d’exposition, de nombreux objets en verre, de toutes formes, de toutes couleurs disposés sur de fort belles et fines sellettes en bois. Ce travail, résultat de deux semaines intenses passées dans le Centre International d’Art Verrier de Meisenthal, voyagera ainsi, exposé dans les quatre sites de l’École européenne supérieure d’art de Bretagne. Deux groupes d’étudiants de cet établissement ont participé en présence d’un artiste et de trois enseignants-artistes à deux semaines de création autour du matériau verre. Ce rapport concret, ce travail en commun entre maîtres d’art, maîtres-verriers et étudiants reste suffisamment rare en école d’art pour qu’il soit fortement mis en valeur.

Philippe Hardy
directeur de l’École européenne supérieure d’art de Bretagne (EESAB)
Brest, Lorient, Quimper, Rennes
extrait du catalogue de l’exposition